
Nous, habitants du Collège sans frontières Maurice Scève, exilés, vivons là depuis septembre 2018, à défaut d’alternatives.
Depuis septembre 2018, près de 450 mineurs et jeunes majeurs vivent dans des conditions indignes dans l’ex-collège Maurice Scève, sur le plateau de la Croix-Rousse.
Ils ont connu le drame de l’exil forcé. Jetés sur les routes par la guerre, la famine, l’abandon social et les effets du réchauffement climatique, ils ont pour beaucoup connu l’enfer lybien, ont pris tous les risques en Méditérrannée, dans l’espoir de trouver asile en Europe. Ce drame que les médias relaient sans cesse dans la presse se poursuit aujourd’hui, tout près, dans notre quartier.
Se retrouver confronté à la « misère du monde » en plein centre ville n’est pas simple. Beaucoup auraient parié sur un rejet massif de la part de la population.
C’est le contraire qui se produit : dans un élan de solidarité, le collectif de soutien à l’origine de l’ouverture s’est vu rejoint par de nombreux.ses voisin.e.s du quartier qui, sans distinctions, se sont mobilisé.e.s simplement et concrètement.
Il n’y a pas de hiérarchie dans la générosité et l’empathie. Le collectif est ouvert à tou.te.s : des simples particulier.es aux commerçant.e.s, artisans.e. et associations, du collège au club de foot, de la petite attention (un sourire, un sac de vêtements, une participation financière…) à l’engagement de fond.
Le collectif ne verse pas dans l’angélisme. Militant sans dogmatisme, il propose depuis des mois aux institutions de se mettre autour d’une table pour travailler à des solutions innovantes (conventions d’occupation temporaire de bâtiments vacants) afin d’ouvrir des hébergements d’urgence. En vain pour le moment.
NOUS APPELONS
à poursuivre et à renforcer cette mobilisation solidaire autour du collège pour faire face à l’urgence en attendant que la Préfecture et la Métropole trouvent des solutions d’hébergement dignes.
NOUS EXIGEONS
que la France, « pays des Droits de l’Homme et du citoyen », prenne ses responsabilités en matière d’asile et respecte ses engagements légaux et moraux.
NOUS REVENDIQUONS
que tout soit mis en œuvre, au niveau national et international, pour lutter contre les situations provoquant l’exil forcé et pour favoriser un codéveloppement respectueux des enjeux humains et environnementaux.

Nous avons appris à nager comme des poissons.
Nous avons appris à voler comme des oiseaux .
Mais nous n’avons pas encore appris à marcher comme des frères.
― Martin Luther King, Jr., Strength to Love, 1963